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Bouquinerie L'Arbre à trucs
25 février 2013

A acheter: Jean-Jacques Varoujean, L'Ankou suivi de Papiers d'Arménie, Actes-Sud Papiers, 1989

Naissance en 1927, à Marseille (Bouches-du-Rhône, France), décès le 31 mars 2005 à Paris (France).
De son véritable nom "Varoujean OUZOUNIAN".


Article de Philippe Pilibossian, Bulletin de l'ACAM numéro 2, 1988

Jean-Jacques Varoujean est sans doute l'un des rares auteurs dramatiques arméniens connus en France. A l'exception de quelques proches et quelques initiés, les Arméniens connaissent mal son œuvre et encore moins l'homme.

Je suis allé le voir chez lui, sur la colline de Montmartre, à Paris. Il n'est pas grand, ni imposant physiquement, mais son regard vif a quelque chose de captivant. De son vrai nom Varoujean Ouzounian, il est né en 1927 à Marseille de parents arméniens immigrés. Son père, Hovsep, originaire de Kharpert, était comédien amateur. A Boston, aux Etats-Unis, le jeune Hovsep travaillait comme serveur dans un restaurant, et le soir il faisait de la figuration au théâtre. En 1917, il s'engage dans la Légion d'Orient. Après la guerre, démobilisé, il se marie à Beyrouth avec Anahide, née à Konia et rescapée des massacres. Du Liban, il repart pour les Etats-Unis. Le bateau fait escale à Marseille : là, ils apprennent que sa mère n'est pas autorisée à aller à Boston et ils décident de rester en France.

" Terassan " Ouzounian. C'est à Marseille que Hovsep se fait connaître dans les milieux arméniens : c'est le " Terassan Ouzounian " (Ouzounian l'acteur). Il donne en arménien des représentations de toutes sortes de pièces. Le jeune Varoujean est donc initié au théâtre dès cette époque : " Jusqu'à mon entrée à l'école, je croyais que Shakespeare et Molière étaient arméniens ", me dit-il.

La famille Ouzounian quitte Marseille pour Alfortville. " Terassan " Ouzounian continue ses activités. Il crée le Ténéké Palace (le Palace de tôle) à l'emplacement actuel des courts de tennis, face au marché Carnot, qui devient plus tard le Tchouval Palace (le Palace de chiffon) car il pleuvait entre les tôles et on était amené à tendre des toiles. Se souvient-on encore aujourd'hui, à Marseille ou à Alfortville, de ces activités culturelles ? Je contemple, admi-ratif, l'album et les affiches des représentations théâtrales de " Terassan " Ouzounian.

Jean-Jacques Varoujean est marié ; il a deux fils, Philippe, qui dirige une agence artistique, et Bruno, photographe, et deux filles, Agnès et Isabelle, militantes à Terre et Culture. Depuis 1948, il vit, travaille et crée à Paris, toujours pour le théâtre : régisseur, assistant, metteur en scène de Pierre Fresnay et de François Périer au Théâtre de la Michodière de 1952 à 1958, journaliste de 1962 à 1974 et auteur dramatique.

L'œuvre. Sa production est abondante et parfois d'un abord difficile. Peut-être est-ce pour cette raison que son théâtre n'est connu que d'une minorité d'intellectuels. Il n'est pas en relation avec ses confrères d'Arménie soviétique. Par contre, il est un admirateur du théâtre de Lévon Chanth dont il a d'ailleurs traduit et adapté le chef-d'œuvre, Les Anciens Dieux. Voici ce qu'il a écrit à propos de cette pièce : " Alors qu'il a fallu des guerres, de si nombreux crimes, tant d'injustices encore renouvelées, pour voir le théâtre en général tenir un rôle essentiel dans la société et réveiller les consciences, les maintenir constamment en alerte, aider à garder les yeux ouverts sur le bien comme sur le mal, dès le début du siècle, avec Les Anciens Dieux, un auteur arménien osait annoncer qu'il n'est pas de repos pour l'homme ici-bas ; que ce que nous croyons savoir, posséder, n'est que semblant de connaissance, qu'apparence trompeuse. "

Arménien dans l'âme. J.-J. Varoujean vit dans un milieu d'intellectuels français mais il est arménien dans l'âme : " Il y a en moi une grande contradiction : je suis antinationaliste, mais je désire d'abord qu'il soit rendu justice à la nation arménienne. " J.-J. Varoujean connaît bien l'arménien et pense que " la culture présuppose une reprise de la langue ; quoi qu'on dise, celui qui ne connaît pas sa langue se sentira moins arménien. " Et comme tant d'autres artistes ou intellectuels, il n'hésite pas à prendre position et à se prononcer d'une façon nette et engagée sur les problèmes politiques arméniens.

On discute encore de divers sujets : le théâtre, bien sûr, l'Arménie, la vie, l'homme, la civilisation. Il n'est pas bavard, mais tout ce qu'il dit est concis et profond. On a plaisir à s'entretenir avec le véritable intellectuel arménien qu'est Jean-Jacques Varoujean.

Philippe Pilibossian, Bulletin de l'ACAM numéro 2, 1988

107 p. Excellent état.

10 euros.


Contact: larbreatrucs@orange.fr

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